Si textile et architecture renvoient à la notion de structuration élaborée (le tissu d’une ville et l’architecture d’un tissu), c’est que tous deux participent de la civilisation. Leurs étymologies se confondent, rappelant leur fonction commune : celle de clore et couvrir. Ils impliquent tous deux intimité et collectivité.
Au-delà de la yourte et de la tente, au-delà de la toiture en chaume et d’autres éléments constructifs, le textile fait l’architecture : le vêtement est le premier « chez-soi », la tapisserie de lice rend le château habitable, les fibres du bâtiment à ossature et bardage en bois abritent le quotidien.
Si tous deux enveloppent le corps, le textile a vocation à s’y coller au plus près alors que l’architecture se tient à distance : le patron ajuste le tissu aux dimensions de l’individu et le plan détermine le vide utile à la vie de l’individu. Mais, paradoxalement, le textile cherche à augmenter le vide, à devenir spatial, alors que l’architecture cherche à optimiser le vide, à le réduire au strict nécessaire. Le drapé ou le fonctionnalisme. Du vide recherché au vide réduit : les opposés se rencontrent.
Le designer textile expérimente manuellement ses intuitions créatives. Il peut, par cette démarche spontanée du « faire », bousculer l’architecte qui travaille essentiellement par la pensée et à partir d’un catalogue de matériaux préexistants.
Par ses fibres de base, sa mise en œuvre et ses usages, le textile est traction, ce qui induit souplesse, flexibilité, recyclabilité, unicité de matière, transparence, assemblage, etc. Ces qualités constituent un langage commun entre textile&architecture.
Rochers mariés, baie d'Ise, Japon.